"Le Dr. N. ELIAS (Grande Bretagne) souligne que le programme de travail proposé au Congrès n'embrasse que certains aspects, assez circonscrits, des changements sociaux. Une telle limitation lui paraît probablement inévitable. Il souhaiterait néanmoins qu'on-réfléchisse aux questions suivantes:
(1) Est-on fondé d'admettre que les facteurs du changement social restent, en eux-mêmes comme dans leurs rapports réciproques, identiques pour toutes les sociétés ?
(2) Agissent-ils, par example, de même dans les sociétés plus simples que dans les sociétés industrialisées, où des institutions et des groupements sociaux spécialisés s'occupent, avec plus ou moins de de succès, de diriger et de contrôler ces changements ?
(3) Ces facteurs sont-ils les mêmes dans des Etats parlamentaires où il y a une marge assez considérable de la concurrance économique non-dirigée et de l'initiative individuelle et dans des Etats fortement centralisés ?
(4) Surtout, ne gagnerait-on pas à tenir compte, un peu plus -qu'on ne propose de le faire, de la relation entre les facteurs de changement social à l'intérieur d'un Etat (par exemple des tensions entre les classes) et ceux qui naissent des rapports interétatiques (par exemple des tensions internationales)? Le rôle, joué par les relations interétatiques comme force motrice de changements sociaux au sein d'un Etat ne devient-il pas de plus en plus évident ?"
Transactions of the Third World Congress of Sociology, Vol. VIII: Discussions and Additional Papers, London 1957: ISA, pp. 14-15